Le 20ème siècle a, historiquement, commencé en 1914 par un conflit mondial qui atteignit cruellement tous les territoires et Ozouer-le-Voulgis n’y fit pas exception. Le village perdit 32 de ses fils durant cette guerre. Quand on a commémoré la fin du conflit, en 2018, la municipalité, sur l’idée d’un ozouerien, a décidé d’attribuer le nom de l’un de ses Poilus morts pour la France à titre d’hommage. Il sera donné à une place encore sans nom du village, en face du stade. Mais quel mort choisir ? Le conseil municipal a tiré au sort son nom, parmi la liste des 32 noms et celui de Marcel Jarry est sorti.
Marcel Emile Jarry est né à Ozouer-le-Voulgis le 22 décembre 1882. Ses frères jumeaux plus jeunes meurent en bas-âge et il reste le seul enfant de sa famille. Son père est charron rue Jude de Cresne (son atelier toujours visible fait le coin entre cette rue et la rue du Clos Pottier) et Marcel est ouvrier charron avec lui. En 1914, Marcel est incorporé au 153ème régiment d’infanterie de Melun qui participe à « la course à la mer ». Il se bat dans la Somme et le Nord. Il est fait prisonnier, mais blessé il meurt à Cambrai (Nord) le 9 octobre 1914.
Quand on se gare au petit parking de « la Place Marcel Jarry » ou que l’on y joue à la pétanque, ou simplement que l’on se repose à l’ombre du grand marronnier, on peut ainsi penser à nos aïeux morts trop jeunes et à leur vie volée.
Une de nos voies les plus récemment nommées et « l’allée Yves Robert » dont nous allons voir le lien avec notre village. (1)
Yves Robert, né à Saumur en 1920, monte à Paris à 20 ans et multiplie les petits boulots. En parallèle, il commence sa carrière artistique dans les cafés-théâtres puis se tourne vers le théâtre où il monte des pièces d’auteurs connus. En 1948, il commence comme acteur au cinéma dans « Les dieux du dimanche » (R.Lucot) et joue dans des films plus connus : « Les grandes manœuvres » (René Clair – 1955), «La jument verte » (Claude Autant Lara – 1959)
Assez vite, il est attiré par la réalisation : « Les hommes ne pensent qu’à ça » (1954), « Ni vu ni connu » (1958, adapté d’une nouvelle d’Alphonse Allais, où il s’affirme comme metteur en scène. C’est dans cette veine comique qu’il va réaliser la majorité de ses films et c’est en adaptant des romans qu’il va connaître ses premiers véritables succès : « La guerre des boutons » (1962) d’après Louis Pergaud, « La gloire de mon père » et « Le château de ma mère » (1990) d’après Marcel Pagnol.
En 1963, Yves Robert tourne un film comique « Bébert et l’omnibus » avec de bons acteurs et un gamin espiègle (Martin Lartigue) qui a incarné le Petit Gibus de « La guerre des boutons ». L’originalité de ce film pour nous est que le fameux omnibus qui roule entre Tournan et Verneuil largue Bébert à la gare d’Ozouër où tous les personnages vont le chercher. Le tournage a lieu dans notre village avec quelques Ozoueriens comme figurants.
Ses succès les plus marquants viennent de son association avec le scénariste Jean-Loup Dabadie avec qui il signe « Un éléphant ça trompe énormément (1976) et « Nous irons tous au paradis » (1977), puis « Courage, fuyons » (1979). Il s’associe aussi à Pierre Richard pour la série de films du « Grand blond » (1972 à 1974).
Comme acteur, il ne se limite pas à la comédie : « Signé Lupin » (1959), « L’aventure c’est l’aventure » (1972), « La crise « (1992) mais assure aussi des rôles sérieux « Le juge et l’assassin »(1992), « Disparus » (1998). Il trouve son plus beau rôle dramatique dans « Un mauvais fils » (1980) de Sautet qu’il retrouve dans « Garçon » (1983). Il meurt le 10 mai 2002.
Ce réalisateur qui a du diriger les plus grands acteurs de son époque, éprouve une tendresse bienveillante pour ses personnages, qu’ils soient des enfants, des quadras stressés par leur vie ou leur entourage ou de doux rêveurs hédonistes comme « Alexandre le bienheureux » (1967). Rigolard et frondeur, il nous entraîne avec virtuosité dans leurs aventures fantaisistes. En passant devant « l’allée Yves Robert », les scènes divertissantes de ses films nous reviennent en mémoire et éveillent en nous un optimisme bénéfique.
Elaboré et rédigé par l’association « Ozouer-le-Voulgis, mémoires et patrimoine »
(1) Source biographique : allocine