Rues dont les noms sont champêtres

Il est tout à fait normal qu’un village de campagne adopte des noms empruntés à son environnement. La récente « rue des lilas » (vers 1980) porte certainement ce nom en raison de la fréquence de cet arbuste fleuri dans nos jardins et, peut-être aussi, du manque d’imagination des élus ! Mais elle parfume notre plan de village...             

La « rue du Merisier », créée en 1962, reprend l’appellation du chemin, déjà ainsi nommé en 1830, mais dont le tracé suivait la Marsange et qui a donné aussi son nom au pont du chemin de fer qui enjambe la Marsange. A préciser qu’un merisier est un cerisier sauvage et que très souvent un nom d’arbre sert à désigner un lieu-dit.                

Quittons le monde végétal pour aller « rue des graviers » qui est de dénomination plus ancienne (attestée en 1830). Si elle commençait alors bien à l’Yerres, elle se prolongeait jusqu’au chemin d’Ozouer aux Etards, c'est-à-dire « au carrefour des 4 routes »,  au pied du château Nicolaÿ, au stop actuel. Son nom nous rappelle la proximité de la rivière qui pouvait fournir son empierrement.             

La « rue de la Fontaine »commence rue Jude de Cresne et dévale jusqu’à l’Yerres elle aussi. Elle s’est appelée « chemin de la fontaine » dès 1830 et se prolongeait dans les bois au-delà du pont d’Austerlitz – ou plutôt passerelle. Entre 1929 et 1968, elle s’appelle « rue du lavoir » puis redevient « rue de la fontaine ». Mais de quelle fontaine s’agit-il ? Certainement de la source qui alimente le lavoir actuel (construit en 1848). Sur le cadastre napoléonien de 1830, on peut déjà voir à cet emplacement un lavoir , mais carré, et un peu plus bas en dessous un petit plan d’eau (la fontaine) d’où s’écoule un ru en direction de l’Yerres, alimentant au passage un moulin à eau situé dans « la maison du moulin » (au n°...   de la rue). Fontaine et moulin sont présents à cet endroit depuis longtemps car dès 1406, dans l’acte de vente des biens de Gontier Col à Jean de Montaigu apparaît dans l’inventaire des terres, près de « la rivière d’Ierre », « une place a moulin a eau au dessus de la fontaine » (1) En 1849, le moulin fonctionnait toujours car le meunier se plaint que le nouveau lavoir diminue le débit de la source et ralentit son moulin.             

Revenons au Moyen-Age pour évoquer la « rue du Bas des Vignes » aux Etards. En effet, dès cette époque les terrains en pente de notre village étaient plantés de vignes : les Coquereaux pour le bourg et les Vignes pour les Etards. La culture en est constamment attestée dans les textes au cours des siècles et la Croix de Saint Vincent déjà présente à l’époque médiévale sur la place des Etards en témoigne aussi. En 1788, le plan d’Intendance relève 117 arpents de vignes soit 49 ha sur le village. (1) La profession de vigneron était donc fréquente pour les habitants du village. En 1792, on comptait 32 vignerons sur 198 hommes actifs, soit environ 16%. Ces vignes produisaient un vin de consommation courante – pour ne pas dire une piquette – servie en abondance dans les tavernes et cabarets de Paris. Le vin de Brie qui avait la réputation de « faire danser les chèvres » s’est bien vendu jusqu’à l’avènement du chemin de fer. Mais après, on a pu acheminer sur Paris les vins du Languedoc de meilleure qualité. Si bien qu’en 1892, les vignerons d’Ozouër demandent la diminution des impôts fonciers sur les vignes en raison d’une récolte nulle. A partir de ce moment vignes et vignerons ont disparu du village, mais il nous en reste le souvenir grâce à notre « rue du Bas des Vignes ».                         


Elaboré et rédigé par l’association « Ozouer-le-Voulgis, mémoires et patrimoine »   

(1) « Une seigneurerie rurale de la Brie au Moyen-Age : Ozouer-le-Voulgis » de Philippe Savary

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