Aussi surprenant que cela paraisse aujourd’hui, la commune d’Ozouër-le-Voulgis, comme bien d’autres villages de la Brie, a connu pendant des siècles la culture de la vigne.
La Brie assurait son approvisionnement local mais aussi celui de Paris : la région avait l’avantage d’être proche de la capitale et le temps de transport des fûts se trouvait réduit.
Ces vignes produisaient un vin de consommation courante peu alcoolisé – pour ne pas dire une piquette – servie en abondance dans les tavernes et cabarets de Paris.
Le vin de Brie qui avait la réputation de « faire danser les chèvres » s’est malgré tout bien vendu jusqu’à l’avènement du chemin de fer qui permit au vin du Languedoc de meilleure qualité d’arriver facilement jusqu’à Paris. De plus, à partir de 1881, le phylloxéra attaqua les plants locaux (Meunier ou plant de Brie, gouas) qui ne furent pas forcément remplacés par les plants américains. Dès 1888, les paysans briards commencèrent à arracher leurs vignes pour les remplacer par des pommiers.
En 1860 la Seine et Marne avait 18 000 hectares de vignes, en 1890 il en restait 5 000 et 210 hectares seulement en 1958. (1)
Revenons au village d’Ozouër-le-Voulgis. La culture de la vigne sur son territoire est attestée par les textes anciens de vente de terrains, inventaires de redevances aux propriétaires, etc... où figure la dénomination « vignes ».
Les plans anciens aussi comportent ces indications : sur le plan d’intendance de 1788, le mot Vignes est inscrit en gros caractères à côté du nom des Etards.
En effet, dès cette époque les terrains en pente de notre village étaient plantés de vignes.
Ce sont les terrains situés entre les maisons de la rue de Chaumes (actuellement Jude de Cresne) et l’Yerres au lieu-dit les Coquereaux, pour le bourg ; au lieu-dit les Vignes pour les Etards, ce qui explique le nom de la rue de ce hameau : la « rue du Bas des Vignes ». En 1788, le plan d’Intendance relève 117 arpents de vignes soit 49 ha sur le village. (2)
La profession de vigneron était donc fréquente pour les habitants du village. En 1792, on comptait 33 vignerons sur 198 hommes actifs, soit environ 16%.
A Ozouër aussi la culture de la vigne périclite, si bien qu’en 1892, les vignerons du village demandent la diminution des impôts fonciers sur les vignes en raison d’une récolte nulle. A partir de ce moment vignes et vignerons ont pratiquement disparu du village : en 1911, il ne restait que 3 vignerons aux Etards.
Si la culture de la vigne est constamment attestée dans les textes au cours des siècles, la Croix de Saint Vincent déjà présente à l’époque médiévale sur la place des Etards, en témoigne aussi.
Il s’agit d’une croix en fer reposant sur un socle heptagonal en grès. Saint Vincent, patron des vignerons y est figuré à la place du Christ sans pour autant être représenté crucifié.
Il tient dans la main droite une grappe de raisin et dans la main gauche la palme du martyre et un livre, sans doute un évangile. (3) ; le nom du saint y est inscrit entre la branche double horizontale de la croix.
Dans l’église du village, Saint Vincent est aussi représenté par une sculpture « sulpicienne ».
Ces témoignages de foi permettent de penser que le saint patron des vignerons était fêté dans le village, comme dans les villages viticoles du reste de la Brie où il était très populaire (54 environ) ; d’ailleurs le culte de ce saint serait né dans notre région à Evry-les-Châteaux et à Combs-le-Ville. (1)
Elaboré et rédigé par l’association « Ozouer-le-Voulgis, mémoires et patrimoine » (1) d’après « La vie rurale en Seine-et-Marne »(1853-1953) de R.C. Plancke (2) « Une seigneurerie rurale de la Brie au Moyen-Age : Ozouer-le-Voulgis » de Philippe Savary (3) d’après les notes de Philippe Savary