Rues correspondant à un lieu-dit

Un lieu-dit, dans nos campagnes, porte un nom traditionnel, souvent très ancien, désignant une particularité  historique ou géographique. Par exemple, sur la commune d’Ozouer-le-Voulgis, le lieu-dit « la Cantine » s’appelle ainsi car les bâtiments les plus anciens qui s’y trouvent ont été construits pour servir de cantine aux ouvriers chargés d’élever le talus et d’installer les voies du chemin de fer de la Compagnie de l’Est en 1854.             

Certaines rues reprennent le nom du propriétaire d’un terrain sur lequel elles passent ou qu’elles longent, telles la « rue du Clos Pottier » (1), la « rue des Prés Chabanne » ou « l’impasse Viornet ».             

D’autres rues portent le nom d’un élément du paysage comme la « rue de la Sablière » qui se trouve à côté d’une ... sablière, d’où l’on extrayait encore récemment le sablon (ou sable à lapins) pour la construction. L’existence de cette sablière le long du chemin de Tournan  est attestée par des écrits anciens : pendant la Révolution, en 1790, la commune en sollicite l’acquisition lors de la vente aux domaines nationaux. Dans ce même texte, elle demande aussi à acquérir la carrière le long du chemin du Merisier qui se situe au lieu-dit « les Plaises »(2). Ce dernier toponyme a été longtemps utilisé dans le village pour désigner ce terrain, délimité par la rue du Merisier, la rue du stade, l’avenue de la Gare et la voie ferrée, et qui servait de pâture libre aux bergers de nos fermes. La « rue des Plaises » nous rappelle donc cette utilisation bucolique des lieux. Mais si l’on approfondit les recherches sur ce terme, on voit que le mot déjà utilisé au Moyen Âge aussi sous la forme « plesses » désignait des haies défensives souvent plantées et entretenues en bordure des villages qui se trouvaient, comme Ozouer, à la frontière de deux territoires de grands seigneurs, ou pour protéger les cultures des animaux sauvages. Ce nom est à rapprocher des dénominations « Plessis » assez fréquentes.             

« L’allée Saint Martin » tire sa dénomination du patron de l’église paroissiale du même nom puisqu’elle menait à des prés, propriété de l’église et donc censés appartenir à « monsieur Saint Martin », selon les expressions médiévales. L’histoire ancienne et les temps de légende sont aussi suggérés par certains noms. Notre « ruelle Chanteloup »  (4) en est un exemple : en 1830, elle est nommée « ruelle Chanteclu » sur le cadastre. Le nom « Chanteloup », finalement adopté, est très révélateur de la crainte du voyageur qui, sortant du cœur du village, débouche dans la campagne !             

Chemins et sentiers reprennent aussi des noms de lieux-dits. Ainsi « le chemin des Coquereaux » (5) tire son nom de ce terrain en pente vers l’Yerres où étaient cultivées des vignes depuis le Moyen-Age.  De l’autre côté de l’Yerres le « sentier des Creux de Fosses » doit son nom à l’endroit où la rivière est la plus profonde dans le village.             

De nombreux autres lieux-dits apparaissent au cours des textes (6), des cartes et des siècles dans le village. Certains sont oubliés, d’autres, comme « les Vignes », « Garigny », « le Jard », «SaintVictor » - sur lesquels nous reviendrons - sont repris au fur et à mesure de l’extension du village pour nous rappeler notre riche passé.                         

Elaboré et rédigé par l’association « Ozouer-le-Voulgis, mémoires et patrimoine »

 Dates du premier écrit connu utilisant ce nom

(D’après Philippe Savary : Une seigneurerie ruralede la Brie au Moyen-Age : Ozouer-le-Voulgis


  1. Clos Pottier (1404 – Clos Poquet)
  2. Les Plaises (1338 – Les Plaisses)
  3. Saint-Martin (1445 – Terre Saint Martin)
  4.  Chanteloup (1686 - il est fait mention dans le même secteur de la « ruelle Chanclus » et du « sentier Sercheloup » (= c’est-à-dire « escorcheloup », ce qui laisse à penser que les deux appellations ont peut-être fusionné.
  5. Les Coquereaux (1377 – Caquereau)
  6. Ouvrage cité ci-dessus : index des toponymes (pages 226 à 243)
CE SITE A ÉTÉ CONSTRUIT EN UTILISANT