Visite de l'église

1. Environnement de l'église et construction 

A la place de la ferme de Marcoussis, dès le XIIème siècle, s'élevait le château des Seigneurs d'Ozouër qui s'y sont succédés.

Le château comprenait des bâtiments d'habitation, des granges, des écuries et un donjon carré.

A cette époque, une église et des curés successifs sont mentionnées dans les actes consultés.

L'église originelle devait être sensiblement à la même place qu'aujourd'hui et semble avoir été limitée à la nef et au chœur actuels. Des bas côtés auraient été accolés au vaisseau central au XIVème siècle. En 1406, jean de Montaigu, conseiller du Roi, acquiert le château et le donne aux Célestins de Marcoussis qui deviendront les seigneurs d'Ozouër pour 4 siècles.

L'église que nous avons sous les yeux est de style Renaissance et aurait été édifiée vers 1540-1550 (François 1er). La plupart des matériaux utilisés pour sa construction sont issus de sous-sol local (grès et meulières) et la charpente est taillée dans les chênes de nos bois. L'ensemble de l'édifice est soutenu par des contreforts en grès assez massifs.

Le clocher, imposant, s'élève à 25m pour la tour (et 33 m avec la toiture) mais il n'est pas terminé : il aurait dû comporter un 6ème étage avec 2 ou 4 frontons, comme ceux des églises briardes environnantes (Presles ou Mormant). Il abrite, depuis 1566, deux cloches (dont la plus grosse faisait 1300kg). L'aspect fortifié de ce clocher peut s'expliquer par le fait que le village se trouvait en limite du domaine royal. L'église était entourée du cimetière du village qui ne sera abandonné qu'en 1840 et relevé pendant la guerre de 14-18.

D'importants de travaux de restauration, voire de reconstruction, seront effectués dans les années 1725-1727 (Louis XV) comme l'atteste l'inscription du cartouche sur le fronton classique qui domine le portail. Une "charité" de Saint Martin en céramique était installée au dessus du fronton, devant l'oculus jusqu'à la fin du XIXème siècle.

2. Au début de la nef (intérieur de l'édifice)

L'édifice est constitué de 6 travées d'un vaisseau central, flanqué de deux bas-côté (Nord et Sud) et dépourvu de transept. 

Il se termine par une élégante abside à 3 pans, masquée par le retable du maître-autel. 

A noter que le chœur et l'abside sont inclinés vers la gauche. Une voûte croisée d'ogives couvre les 4 travées de la nef mais la voûte du chœur  est plus riche avec des nervures se ramifiant en liernes et tiercerons. Il faut remarquer les belles clés de voûte en pendentif (la 5ème porte aussi la date de 1727). 

Une harmonie globale se dégage des arcades en plein cintre séparant le vaisseau central et les bas côtés, des piliers octogonaux très sobres, mais elle est rompue par la nécessité technique de forts piliers soutenant la tour-clocher au nord. Sous le badigeon blanc qui recouvre les murs, des sondages ont révélé que ces murs avaient été peints en ocre et recouverts d'une sorte de grecques noires faites au pochoir.

3. Au début du bas-côté nord (chapelle de la Vierge)

Sur le mur de gauche, en dessous de la fenêtre, a été inséré en 1952, un chapiteau de style roman qui aurait été trouvé dans une cave voisine de l'église et qui aurait appartenu au premier édifice.

Nous nous trouvons devant les très beaux fonts baptismaux. Ils ont été commandés spécialement pour cette église par son curé Nicolas de la Gauchie et installés en 1731, sous l'égide des marguilliers Jean le Juif et Jean Fouré (membre du bureau du conseil de fabrique) comme en atteste l'inscription gravée. La cuve de marbre rouge, dit royal, est fermée par un couvercle double en bronze ciselé, réalisé par Robbe, maître fondateur, quai Pelletier à Paris. Cet ouvrage a été classé le 5 décembre 1905.

Autrefois, ils étaient entourés d'une grille qui a été retirée en 1900 et l'autel de cette partie baptistère a été supprimé.

Dans cette partie de l'église, nous pouvons admirer un très beau lutrin en bois sculpté du XVIIIème qui a été restauré en 2020. On voit également une vierge en polychrome de facture ancienne offerts par la famille Verrier.

Le tableau, représentant la déposition du Christ, a été offert par la famille Nicolaÿ, châtelains d'Ozouër, descendants du général Eblé qui possédait un petit château à Ozouër. Le général Eblé a rapporté ce tableau d'Espagne.

4. Bas-côté nord et clocher

Nous passons en dessous des voûtes sous le clocher, d'où, avant l'électrification des cloches pendaient les cordes du sonneur.

Sur la gauche, une petite porte ouvre sur un escalier très étroit qui permet de monter dans le clocher. 

On peut voir au passage, les photos de la charpente, très difficilement accessible, par l'escalier qui monte au clocher. Une autre porte, sous le clocher, donnait directement dans le cimetière, mais elle a été murée.

Le chemin de croix en terre cuite est relativement récente : il a été offert en 1900 à l'église et vient des ateliers de Vendouvre.

Au passage, on peut remarquer un tableau représentant la légende de St Nicolas avec les 2 petites enfants ressuscités du saloir. Il est vraisemblablement en relation avec la famille de Nicolaÿ, presque éponyme. Ce tableau a été restauré par l'association.

Nous arrivons à la chapelle dite de la Vierge. Le retable du XVIIIème siècle (classé en 1968) fut restauré par Haussaire de Reims qui fabriqua l'autel en 1900. On y voit des reliquaires, dont l'un contiendrait une relique de la Sainte Croix.

Autrefois, la chapelle était éclairée par deux hautes fenêtres ogivales : celle du fond a été occultée par la sacristie construite au XVIIIème, l'autre est ornée d'un vitrail du XIXème, représentant Notre Dame du Rosaire. Dans le bas du vitrail, selon la tradition médiévale, les donateurs, M. et Mme Joly ont été représentés en chevalier et sa dame et le cavalier avec une grande barbe n'est autree que le prêtre de l'époque, l'abbé Devault, passionné par le Moyen Age (curé d'Ozouër de 1840 à 1876).

C'est à lui que l'on doit aussi une des belles légendes de notre village.

5. Le choeur

En arrivant dans le chœur, on peut voir sur le mur de gauche, deux tables de marbre noir gravées qui retracent la légende médiévale de Dame Jude de Cresne.

C'est l'abbé Drevault qui a pris l'initiative de cette commémoration en 1865. Légende, car si la famille de Cresne est attestée par les actes et manuscrits authentiques, l'existence de Jude et de son geste n'est aucunement vérifiée par les historiens et les blasons représentés sont de pures inventions.

Selon cette légende, le seigneur Philippe de Cresne est parti en Terre Sainte lors de la 3ème croisade (1189-1192) conduite par Philippe Auguste, roi de France, et Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre. Blessé et fait prisonnier par Acre, il est détenu dans un hôpital. Les infidèles réclament une rançon à sa famille mais sa femme, Jude, n'a pas une fortune suffisante pour la ressembler et les habitants du village d'Ozouër l'aident à compléter la somme exigée. Malheureusement, Philippe décède avant ou lors de son retour. Néanmoins, Dame Jude de Cresne, sa veuve, lègue en 1206, par testament, 500 arpents (175 à 200 ha) de bois aux habitants d'Ozouër en signe de reconnaissance. En réalité, il n y a aucune trace de ce testament, juste évoqué lors d'un procès en 1601 et d'un autre procès en 1741, au cours duquel les habitants d'Ozouër accusent les Célestins de Marcoussis de l'avoir détruit alors qu'ils le leur avaient confié en dépôt.

Ce qui est certain, c'est que les habitants d'Ozouër sont finalement devenus propriétaires des bois dont ils avaient déjà l'usage au début du XIIIème siècle et ont pu le conserver tout au long des siècles jusqu'à nos jours. Les habitants, en assemblée, géraient eux-mêmes leurs bois et en édictaient l'usage. Mais ils ont dû les défendre âprement contre les revendications de Célestins de Marcoussis avec qui ils eurent de nombreux procès et la convoitise des seigneurs de Maurevert contre qui ils durent se battre par procès (1604) et avec des armes (1621). La commune possède toujours ces bois qui se situent entre la ligne de chemin de fer et la nationale 36 et en a toujours l'usage, ce qui permet aux habitants actuels de la commune de bénéficier de l'affouage.

Au dessus de ces plaques, est accroché un médaillon dit "charité de Saint Martin" (moment où il offre la moitié de son manteau au pauvre) en bois sculpté de belle facture, qui ornait jadis le banc-œuvre jusqu'en 1929.

Les stalles du chœur, curieusement ont été commandées en 1790, pour servir au conseil municipal qui se réunissait dans l'église devenue "maison commune" du village.

6. Maître autel et retable central

Ce qui saisit tout de suite en entrant dans l'église, c'est le retable du maître-autel. Certains regrettent sa présence, car pour l'installer il a fallu fermer l'abside et occulter ses 3 grandes fenêtres à lancettes hautes de 7m et larges de 1,35m, ce qui assombrit l'église et brise l'harmonie de la nef. Il date du XVIIème siècle et n'a pas forcément été conçu pour cette église. Cependant, cet ouvrage est remarquable, surtout pour notre région, il a d'ailleurs été classé en 1908 et 1968.

Au centre, la toile représentant la descente de croix signée et datée de 1692, est de Dumesnil, peintre français. Elle est entourée de 4 colonnes en chêne à chapiteau corinthien. Les deus statues sont certainement celles de Saint Martin, patron de l'église, (à gauche) et Saint Pierre Célestin, patron des religieux célestins (à droite). Quatre bas reliefs sculptés et présentent les vertus théologales (à droite, la charité matérielle et la foi; à gauche, la charité spirituelle et l'espérance). 

La lunette peinte, au dessus, représente le père éternel dans les nuages acceptant le sacrifice qui se déroule en dessous. Les deux bustes sculptés, placés entre les pots-à-feu, seraient ceux des généreux donateurs ou commanditaires de l'œuvre à moins qu'ils ne représentent, selon certains, la Vierge et Saint Jean, présents au calvaire.

Dans le choeur, reposent une douzaine de prêtres, essentiellement inhumés au XVIIIème siècle.


En empruntant une des deux petites portes du retable principal, on accède à l'abside de l'église et on entre dans la sacristie. 









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