Les carrières de pierre meulière à Ozouer-le-Voulgis

Un peu de géologie

La pierre meulière est une roche sédimentaire secondaire, c’est-à-dire constituée à partir d’une formation préexistante. Elle résulte de la silification irrégulière des calcaires ou des marnes lacustres en masses irrégulières qui sont : 

  • Soit massives et homogènes pour la meulière compacte qui sert à fabriquer les meules
  • Soit d’aspect bréchique, parfois alvéolaires pour la meulière caverneuse formée par dissolution du calcaire qui sert à la construction.*


 La meulière offre des gammes de couleurs allant du beige au rouille, en passant par le jaune et l’ocre. La meulière caverneuse est constitutive de notre sous-sol ; les pierres « remontent » dans les terres du fait du labour et il est fréquent qu’en bordure des champs, les agriculteurs entassent les pierres qu’ils ramassent. Dans les anciens lieux d’extraction, on voit que la pierre apparaît sous une légère couche de terre, soit en gisement de petites pierres, soit en gros blocs et même sous forme de larges dalles.

La pierre meulière est une roche sédimentaire secondaire, c’est-à-dire constituée à partir d’une formation préexistante. Elle résulte de la silification irrégulière des calcaires ou des marnes lacustres en masses irrégulières qui sont : 

Soit massives et homogènes pour la meulière compacte qui sert à fabriquer les meules

Soit d’aspect bréchique, parfois alvéolaires pour la meulière caverneuse formée par dissolution du calcaire qui sert à la construction.

La meulière offre des gammes de couleurs allant du beige au rouille, en passant par le jaune et l’ocre. La meulière caverneuse est constitutive de notre sous-sol ; les pierres « remontent » dans les terres du fait du labour et il est fréquent qu’en bordure des champs, les agriculteurs entassent les pierres qu’ils ramassent. Dans les anciens lieux d’extraction, on voit que la pierre apparaît sous une légère couche de terre, soit en gisement de petites pierres, soit en gros blocs et même sous forme de larges dalles.


Tas de meulières ramassées dans les champs à Jamard

Gisement de petites pierres dans l'ancienne carrière des bois de Vitry

Bloc de meulière

Dalle affleurant le sol

Carte géologique d'Ozouer-le-Voulgis et sa lagende (réf : site IGN)


Il existe de nombreux gisements de meulière aux alentours de Paris. Exploitée depuis des temps immémoriaux pour la construction locale, la pierre meulière fait son entrée à l’Académie des Sciences en 1758 avec le naturaliste Jean Etienne Guettard avec son « Mémoire sur la pierre meulière » qui contient la première description de l’exploitation de cette pierre.

 C’est à La Ferté-sous-Jouarre (77) et dans la commune des Mollières (91) qu’était extraite la meulière à fabriquer les meules. En 1899, dans l’ancien département de Seine-et-Oise, 197 autres carrières sont mentionnées et celles-ci pour extraire la pierre de construction. Utilisée depuis toujours pour les constructions locales, cette meulière caverneuse est de plus en plus recherchée au 19ème siècle pour les grands travaux  à Paris : les pavillons des vins du quartier de Bercy, les prisons (la Santé, Fresnes) les viaducs de chemin de fer (Arcueil, Cachan, Nogent-sur-Marne, les Fauvettes), les voûtes du métro parisien et de nombreux bâtiments publics de la banlieue (mairies, écoles, gares). Toute la Brie centrale voit alors des carrières de meulières s’ouvrir à ciel ouvert.

 Il y a certainement très longtemps que l’on extrait la pierre à Ozouër-le-Voulgis puisque les murs de notre église comme ceux des maisons anciennes en sont constitués. Sous la Révolution, certaines carrières et sablières du village ont été acquises par la commune. Mais c’est surtout à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème que l’exploitation de la meulière s’est intensifiée sur le village. A travers les délibérations du Conseil Municipal ou les souvenirs des anciens, on peut reconstituer leur histoire.


Localisation des carrières

  1. La première carrière a été ouverte dans un champ situé à gauche après le passage à niveau de Jamard, en descendant au pont Clarisse Mathilde sur la Marsange. Elle appartenait à M.Beylier qui l’exploitait avec M.Gotti.
  2. Carrière face à la Corroirie, à l’emplacement de l’actuelle entreprise de transport, entre les rues de Guignes et de Melun. Cette carrière appartenait aussi à M.Beylier et était exploitée par M.Fraisse
  3. Carrière dans tout le champ situé à gauche en descendant l’avenue de la Gare, entre les dernières maisons du bourg jusqu’à la gare, à l’emplacement de l’actuel lotissement (rues de Montaigu et de Garigny). Cette carrière a été ouverte par M.Palbras de Chaumes et M.Mithouard.
  4. Grande carrière communale (décision du 14 mai 1899) dans le champ à droite en descendant l’avenue de la gare, depuis la voie de chemin de fer jusqu’au terrain de sport. Cette carrière est devenue un camp de prisonniers autrichiens pendant la Première Guerre mondiale.
  5. Carrière le long de la RN 19, vers l’emplacement actuel des terrains de karting Buffo
  6. Carrière dans les bois de Vitry, toujours visible en l’état, exploitée par M.Baldelli.


L'exploitation des carrières : les hommes

L’exploitation de ces carrières était adjugée à des exploitants qui travaillaient pour eux ou pour une entreprise plus importante des environs. On voit apparaître leurs noms dans les recensements des carriers habitant Ozouër.


1906 : Mme veuve LEVESQUE (pour le sablon), M.BEYLIER et CARNY, M.GUEFFIER

1911 : M. BEYLIER, M.GIRAUD, M.BALMISSE, M.GEOFFROY

1931 : Les Carrières de l’EST PARISIEN, M.ROBERT, M.BALMISSE, M.MEUNIER, M. MITOUARD, M. FRAISSE.

Les bureaux de l’entreprise Beylier et Carny étaient situés, en face de l’église, rue de la République.

Bureaux de l'entreprise Beylier et Carny

L’exploitation de la meulière nécessitait  beaucoup de main d’œuvre. Les exploitants des carrières recrutaient soit en demandant à leurs ouvriers de faire venir leurs frères ou cousins soit en recrutant les immigrants à leur arrivée à la gare à Paris. M. Baldelli, par exemple, allait régulièrement à la gare de Lyon pour proposer du travail aux Italiens qui arrivaient à Paris pour s’embaucher. Ces ouvriers étaient mal logés : en 1906, ils habitaient des baraquements de bois à la Goularderie ou à la Station (autour de la gare) dans des conditions sûrement difficiles.

En 1906, 14 hommes sont recensés comme « carriers ».

Au recensement de 1911, sont recensés comme « ouvriers carriers »  26 hommes, dont une dizaine d’Italiens qui logeaient à la Station (autour de la gare) et à la Goularderie.

En 1931, 46 carriers habitaient à Ozouër soit dans des baraquements à la sortie du village vers le stade actuel ou vers le quartier de la Corroirie, soit en « garnis » (chambres) dans le village. Les ouvriers étaient pour la plupart étrangers, essentiellement Italiens et Polonais. En 1931, Ozouër-le-Voulgis abritait 122 étrangers pour 839 habitants.

En 1936, 28 ouvriers carriers résidaient à Ozouër. Mais en 1946, il n’y avait plus que 3 ou 4 personnes exerçant ce métier.

Les Italiens ont assez rapidement fait venir leur famille, ont pris la nationalité française et se sont durablement installés dans le village.


Le travail aux carrières

L’extraction des meulières se faisait à ciel ouvert, sur une petite profondeur. Les ouvriers travaillaient à la main. Leurs outils étaient principalement le pic à meulière (une sorte de pioche), la barre à mines et la masse de carrier. Parfois des explosifs étaient nécessaires. Les pierres étaient transportées, d’abord dans des brouettes, puis dans des wagonnets circulant sur rails, dont l’écartement était de 60 cm, pour être ensuite chargées et expédiées par le chemin de fer normal.  

Les pierres extraites des carrières d’Ozouër étaient majoritairement expédiées sur Paris pour la réalisation des grands travaux d’aménagement et notamment les voûtes du métro parisien. Les ouvriers formaient des équipes et c’était l’équipe qui était rémunérée, certainement à la quantité de pierre abattue. Quand on sillonne la carrière du Bois de Vitry, on voit bien que, autour d’une voie centrale en creux où circulait le petit chemin de fer, s’étirent de tous côtés des allées, des boyaux, des cirques qui correspondent aux lieux d’extraction.

Le 24 avril 1898, le Conseil municipal a autorisé M.Beylier à établir un petit chemin de fer à voie étroite sur l’accotement du chemin de la Goularderie.


Ouvriers carriers au travail dans une carrière

Chemin de fer industrier surle chemin de la Goularderie


De la carrière au camp de prisonniers

La carrière municipale des Plaises est devenue, pendant la Première Guerre Mondiale, le camp de prisonniers n°68 qui « accueillait » des prisonniers autrichiens. Le camp était entouré de barbelés et gardé par des soldats territoriaux français. Les prisonniers extrayaient la pierre de cette carrière sous l’administration des Ponts et Chaussées.

Chaque semaine, 3 ou 4 prisonniers s’évadaient...

En 1916, une compagnie d’Indochinois, surveillée par M.Guichet, est venue aussi pour extraire la pierre.

Après les prisonniers autrichiens, le camp a été occupé par des relégués et insoumis français.

En 1920, le camp est toujours là puisque au mois de juin des plaintes sont déposées au Conseil Municipal :

  • des jets de pierre provenant de la carrière ne cessent pas
  • la tenue du camp est déplorable
  • les paillasses des prisonniers regorgent de parasites
  • les habitants font un large détour car les rats y pullulent, attirés par les détritus
  • les évasions sont nombreuses
  • le gardien travaille et les prisonniers, assis, le regardent

 Un nouveau contingent de prisonniers devant arriver, le Conseil proteste et demande au Préfet de faire cesser cette situation.

En juillet, aucune réponse n’a été apportée...

La fin des carrières

L’exploitation des carrières a cessé progressivement, n’ayant plus de débouchés et les terrains ont été aménagés.


En 1901, une partie de la carrière communale  sur les Plaises - au lieudit les Carrières -  sera comblée et plantée d’acacias. Certains subsistent encore aujourd’hui. L’exploitation en cessera définitivement durant la Seconde Guerre Mondiale. En 1943, la commune acquiert le terrain appartenant à M.Mithouard pour y faire un terrain d »éducation physique et sportive au prix de 6fr. le m2.

La carrière du chemin de la Goularderie deviendra un champ.

 M. Fraisse, en 1942, cède à la commune sa carrière de la Corroierie  pour y créer des jardins familiaux, vite abandonnés. Après la guerre s’y créera une mare qui durera longtemps. Les établissements de transport Bruno y installeront ensuite leur entreprise.

La carrière à gauche de l’avenue de la gare deviendra un champ cultivé puis un lotissement.

La carrière des bois de Vitry, bien qu’envahie de végétation, est toujours en l’état.




Plan actuel des carrières du bois de Vitry


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