Les moulins à Ozouer

Ozouër-le-Voulgis, comme tout village agricole accueillait des moulins pour transformer le blé récolté dans ses champs en farine et ce, depuis des temps très anciens. Les premières traces connues remontent aux écrits du Moyen Age. Le principe de fonctionnement d’un moulin est le fait que deux meules en pierre – meulière justement – écrasent le blé pour en extraire la farine. La Brie est une région qui produisait les meilleures meules de France jusqu’au 20ème siècle.


Meule à carreaux (musée départemental de St Cyr sur Morin) 


Meule à carreaux usagée   


Mécanisme d’un moulin à vent (musée départemental de St Cyr sur Morin) 



Les moulins à eau 

Dans les textes anciens *, on trouve des allusions à ces moulins implantés dans le village, qu’ils soient à eau ou à vent. 

1353 – Jeannot de Pouilly exploitait « un grand moulin jusque dessous les Etards » 

1407 – le rapport pour la chambre des comptes signale « une place a moulin a eaue audessous dele rediffier la fontaine dudit lieu d’Ouzouer auquel lieu il i a eu autrefois moulin et i a sur la place grand foison de pierres pour» 

1538 – Jehan Blanchard exploite pour les Célestins de Marcoussis un moulin à eau, maintenant construit,  situé en dessous de la fontaine, avec « le saulvoir a retenir l’eau pour faire mouler ledict moulin » 

1540 – Pierre Le Rousselet, abbé de St Jean du Jard, achète un moulin à eau en état de fonctionner sis sur l’Yerres, « lequel moullin y a deux travez de basse maison couvertes de bardeau avec les meulles a arbre, roue, meulles, fers, nilles, tournant, moullant, traveillant et faisant farine avec ce les exstancilles totalement du dict moulin » 

1643 – Sébastien de Biez est autorisé à couper des chênes à la lisière des bois des Usaiges entre « lemoulin à foullon jusqu’au   moulin Combrias » 

1671 – Pierre de Cambout de Coislin, abbé de St Victor, est autorisé par Louis XIV à prendre et percevoir « six à sept livres de rente foncière et seigneuriale par chacun an sur le moulin à eau dudit Ozouer » 

1849 – Pierre Ducquet, le meunier du moulin situé en dessous du lavoir, à côté de la « Villa du moulin », se plaint de la construction du nouveau lavoir en 1848. En effet, ce dernier absorbe toute l’eau de la fontaine et de ce fait réduit le débit du ruisseau qui entraîne la roue de son moulin, ce qui nuit à sa rentabilité. 

On voit à travers les textes, la persistance d’un moulin à eau à cet endroit du village. Si le moulin a disparu, restent au début du 20ème siècle, et maintenant encore, les bâtiments et la villa.  


La Villa du Moulin (OLV) (CPA)  


Le pont d’Austerlitz, avec en 2nd  plan, la Villa du Moulin et ses dépendances  


Ces moulins à eau anciens offraient des aspects différents mais devaient ressembler à ceux, édifiés dans la région et représentés sur des gravures du 18ème siècle qui nous sont parvenues.  


Les moulins à vent             

Les moulins à vent, dont nous n’avons aucune description,  pouvaient ressembler à d’autres moulins de la Brie qui nous restent.  Le moulin peut être une tour de pierre ronde, surmontée d’un toit pointu comme le moulin de Choix à Gastin (77). Il peut être aussi une construction en bois carrée, édifiée sur une « motte » comme le moulin de Monthyon (77).  


Moulin de Choix à Gastins  



Moulin de Monthyon (CPA)  


Moulins industriels de Verneuil (CPA)  


Les textes anciens rappellent aussi l’existence de ces moulins à vent* 

1309 – Ythier de Nanteuil, prieur de l’Hôpital Saint Jean de Jérusalem, décide de prélever sur la rente du moulin à vent récemment édifié par les Frères de l’Hôpital d’Ozouer le Voulgis pour célébrer une messe pour les frères défunts « super malendino nostro adventum prope Oratorium le Vogis, nuper a nobis facto et edificato » 

1364 et 1671 : allusions au moulin accompagnant l’ hostel de la ferme du Jard 1403 – Jean de Bar, tavernier demeurant à Ozouër-le-Voulgis, a pris à ferme pour 3 ans à Jean de Fresnoy (commandeur de l’Hôpital) le moulin à vent de ce lieu. Il est tenu d’entretenir à ses frais le charpentage du moulin avec le bois fourni par le bailleur et qui sera livré sur la mote du moulin. Le preneur sera tenu de restituer, au terme des 3 ans, les toiles du moulin qu’il a reçues à l’entrée du bail.             

Les moulins des villages ont peu à peu été abandonnés : en 1870, la Seine et Marne comptait encore 450 moulins et en 1981 il en restait seulement 14. Ils ont été remplacés par ce qui portait encore le nom de « moulins » mais étaient davantage des minoteries essentiellement mues à la vapeur, comme les « moulins de Verneuil ».             

En ce qui concerne les moulins de notre village,  nous ne savons pas vraiment où et comment ils étaient, mais ce qui est certain, c’est que depuis le Moyen Age  jusqu’au 20ème siècle, deux moulins ont persisté : 

  • Le moulin à eau en dessous du lavoir dont reste peut-être un bâtiment. 
  • Le moulin à vent sur le chemin qui prolonge la rue de Melun et qu’on appelait, de ce fait, le chemin de la Tour de Pierre, près du lieu-dit l’Hôpital. D’anciens habitants, enfants vers 1900, en ont vu des pierres restantes.


*Les informations concernant les moulins anciens ont été trouvés dans l’ouvrage de Philippe Savary : Une seigneurerie rurale de la Brie au Moyen Age : Ozouër-le-Voulgis

 ** Les gravures anciennes ont été choisies dans l’ouvrage de Philippe Curtat : Voyage en Brie française par la vallée de l’Yerres au XVIIIème siècle .

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